Redonner aux patients ce que le cancer leur a pris

Chirurgien plastique et directeur du Programme chirurgical du lymphœdème au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Dr Josh Vorstenbosch veut « rendre aux patients ce que le cancer leur a enlevé. […] Notre travail en tant que chirurgiens reconstructeurs oncologiques est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour restaurer la qualité de vie du patient, pour le rapprocher le plus possible de ce qu’il était avant le cancer. »
Avec le soutien du Dr Mirko Gilardino, chef de la Division de chirurgie plastique du CUSM, qui a aidé à faire avancer ce programme, le Dr Vorstenbosch est prêt à pratiquer des interventions chirurgicales novatrices qui promettent d’améliorer la qualité de vie des survivants du cancer souffrant d’un lymphœdème. En termes simples, le lymphœdème est une affection inflammatoire chronique qui se traduit par un gonflement d’un ou de plusieurs membres. Il peut survenir lorsque le système lymphatique ne fonctionne pas correctement et ne fait pas circuler les fluides comme il le devrait, ce qui peut se produire après un traitement contre le cancer.
« Pensez à ce que vous faites pour prendre soin de vous », dit le Dr Vorstenbosch. « Nous passons 30 ou 60 secondes le matin et le soir à nous brosser les dents, sans compter toutes les autres petites choses que nous faisons. Les patients atteints de lymphoedème doivent utiliser des enveloppes compressives ou porter un manchon. Certains y consacrent trois heures par jour… Imaginez l’impact de cela. Les patients atteints de lymphœdème sont confrontés à cette situation tous les jours. Si nous pouvons améliorer cette situation grâce à une option chirurgicale, cela aura un impact profond sur leur vie. »

Dr Josh Vorstenbosch, directeur du Programme chirurgical du lymphœdème (CUSM)
Un équipement spécialisé pour les supermicrochirurgies
L’une de ces options chirurgicales consiste essentiellement en un transfert de ganglions lymphatiques. « Il s’agit de remplacer le ganglion lymphatique qui a été enlevé par un autre provenant d’un autre endroit du corps », explique le Dr Vorstenbosch. La seconde intervention utilise « des points de suture plus fins qu’un cheveu humain pour diviser le canal lymphatique avant qu’il ne soit bloqué, puis le contourner dans une veine ».
Le Dr Vorstenbosch a déjà réalisé avec succès quelques transferts de ganglions lymphatiques. Ses patients se portent bien aujourd’hui. Cependant, sans équipement spécialisé, « nous n’avons tout simplement pas la capacité de répondre à la demande ».
Un nouvel équipement de pointe est nécessaire pour offrir ces chirurgies novatrices dans le cadre du Programme de chirurgie du lymphœdème du CUSM. Cette initiative est soutenue par notre campagne Unis contre le cancer.
Qu’est-ce que le lymphœdème ?
Après une intervention chirurgicale ou une radiothérapie touchant les ganglions lymphatiques, de nombreux survivants du cancer souffrent de lymphœdème – même s’ils sont heureusement guéris du cancer. « Par exemple, environ 25 % des patients dont les ganglions lymphatiques ont été irradiés développent un lymphœdème. Et chez un sous-ensemble de patients à qui l’on a retiré de nombreux ganglions lymphatiques au niveau de l’aisselle et qui ont ensuite subi une irradiation, le taux peut même atteindre 40 % », explique le Dr Vorstenbosch.
Il note également que les patients atteints de cancers urologiques ou de sarcomes présentent un risque élevé de lymphœdème. Ses données indiquent aussi que cette affection invalidante touche environ 25 % des patientes atteintes de cancers gynécologiques ou des patients qui subissent une dissection des ganglions lymphatiques pour un mélanome, et 20 à 25 % des patientes atteintes d’un cancer du sein.
« Pour ce qui est du cancer du sein, si une personne subit une ablation des ganglions lymphatiques de l’aisselle, puis une radiothérapie, il y a de fortes chances qu’elle développe un lymphœdème. Si l’on considère qu’une femme sur huit sera touchée par le cancer du sein, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un chiffre négligeable, mais d’un nombre significatif de femmes.
« Dans le contexte du lymphœdème lié au cancer, il se produit presque systèmatiquement lorsque les canaux lymphatiques sont coupés ou bloqués en raison de la cicatrisation due à la radiation », explique le Dr Vorstenbosch.
« Il nous arrive à tous de voir notre main ou notre pied gonfler, puis, avec le temps, le liquide disparaît parce qu’il est remis en circulation par les canaux lymphatiques. Le point d’accès est constitué par les ganglions lymphatiques », poursuit-il, précisant que ces ganglions sont situés dans l’aine, l’aisselle et d’autres parties du corps. Mais souvent, c’est là que le cancer va se loger.
« Lors des traitements anticancéreux, les ganglions sont enlevés, ou un ganglion ciblé est enlevé ou irradié. Si l’on enlève le ganglion, on coupe le transit de ce liquide et il reste bloqué dans le membre. Notre objectif est donc de trouver un moyen pour que ce fluide puisse retourner dans le corps ».
L’avenir de la chirurgie du lymphœdème
Au-delà de l’inconfort physique et des répercussions psychologiques, ce gonflement peut affecter considérablement l’amplitude des mouvements du membre affecté et la capacité de la personne à accomplir des tâches de base que la plupart d’entre nous considèrent comme allant de soi, sans même parler d’aller au travail ou de s’occuper de ses enfants. La maladie s’accompagne également d’un risque d’infection bactérienne dangereuse. La gestion du lymphœdème par des thérapies telles que la compression et les bandages peut prendre plusieurs heures par jour, sans perspective de fin puisqu’il n’y a pas de remède.

Marie-Lucie, patiente en remission et porte-parole de la campagne Unis Contre le Cancer
« La Clinique du lymphœdème est dirigée par la Dre Anna Towers et dispose déjà d’un programme de recherche bien établi sur les résultats pour les patients. L’équipe est très enthousiaste à l’idée de travailler avec des chirurgiens et des patients pour le traitement chirurgical du lymphœdème. Une telle collaboration positionne le programme de traitement chirurgical du lymphœdème du CUSM comme le seul au pays ayant la capacité d’étudier les résultats et d’évaluer certains paramètres patients et chirurgicaux afin d’ajuster les procédures chirurgicales », déclare le Dr Vorstenbosch. La Clinique du lymphœdème fait partie de la division des Soins de soutien et soins palliatifs, et est financée en partie par la Fondation du cancer des Cèdres.
Le Dr Vorstenbosh est reconnaissant à la présidente et directrice générale du CUSM, la Dre Lucie Opatrny, et à la chirurgienne en chef, la Dre Liane Feldman, pour leur appui à ce projet dans le cadre de L’Avenir de la chirurgie, l’initiative transformatrice de la Dre Feldman. Le Centre du cancer des Cèdres et le Dr Armen Aprikian, directeur médical de la Mission des soins de cancer du CUSM, offrent également au programme leur soutien très apprécié, dit-il.
« Nous en savons suffisamment sur le filtrage des patients pour pouvoir dire que leur état s’améliorera probablement. Certains iront un peu mieux, d’autres beaucoup mieux, mais nous disposons de suffisamment de données pour affirmer que cela aura un impact positif sur leur vie. Le fait d’être l’une des rares personnes à proposer ce type de traitement dans le pays et de le faire progresser est une véritable leçon d’humilité. »

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